Une classe de 2° sur les traces des migrations d’hier et d’aujourd’hui (partie 3)

Mercredi 15 décembre 2021, dans le cadre de leur projet annuel  sur “Les Migrations d’hier et d’aujourd’hui”, c’est avec Michel Ceruti que la classe de 2de11 a poursuivi son parcours pour la réalisation d’un court-métrage sur une figure marquante du Lot-et-Garonne, issue de l’immigration.

En effet, le choix des élèves s’étant porté sur Joséphine Ceruti, il était primordial de rencontrer son petit-fils pour que son histoire prenne une autre dimension. Après avoir reçu M. Rodgold, un enfant caché, le 13 décembre, la classe a ainsi entendu l’histoire de Joséphine et Martino Ceruti, qui ont été reconnus Justes parmi les nations pour avoir caché Janine Serff, une fillette juive de 12 ans. 

Pour comprendre le contexte, il faut se replonger en 1944.

Après avoir fui les Allemands depuis le nord-est de la France où elle résidait, la famille Serff se réfugie à Tonneins. Face aux propos haineux du Maire de l’époque, qui crie sur la place publique qu’il souhaite “ la victoire de l’Allemagne et la mort de tous les juifs, communistes et francs-maçons”, face aux menaces et aux insultes subies par une de leurs deux filles, Janine, alors âgée de douze ans, la famille Serff quitte Tonneins pour Villefranche du Queyran, non loin de là, où un couple de paysans leur loue sa maison.

Un soir d’avril 1944, le paysan, ivre, agresse la fillette et la jette à la rue. En détresse, les Serff frappent à la porte de la ferme voisine, celle des Ceruti.

Avec compassion, Joséphine accueille la petite Janine en disant : “on a perdu un enfant, elle le remplacera.” Chaque soir, le jeune Charles Ceruti, aujourd’hui père de Michel, accompagne Janine dans les champs pour voir ses parents, restés dans l’autre ferme.

Janine vécut chez les Ceruti jusqu’à la Libération. Les enfants de la famille avaient le même âge qu’elle. Ils respectaient sa culture judaïque alors qu’ils étaient catholiques. Choyée et traitée comme l’une des enfants de la famille, elle se cachait dans le grenier dès que quelqu’un venait. Elle apprit l’italien et travailla à la ferme et aux champs avec eux.

Michel Ceruti raconte que recueillir Janine ne fut pas le seul acte de bravoure de ses grands-parents. Martino et Joséphine cachaient aussi des armes pour la Résistance ;  personne ne les a, heureusement, jamais dénoncés. Joséphine aidait les mamans à accoucher et s’est même retrouvée devant la justice à cause de la mort de l’un des bébés, avant d’être relaxée car il fut prouvé qu’il était mort avant la naissance. 

Il revient aussi sur les vols fréquents des vaches et cochons de ses grands-parents pendant la guerre. Pourtant, à la fin de celle-ci, en signe de solidarité, le couple a donné aux villageois la viande d’une des vaches de leur cheptel. 

Face à la jeune génération, Michel Ceruti insiste sur l’”importance que les enfants sachent qu’il y a des gens de coeur qui ont défait le mal.” Pour lui, par leurs actes d’amitié, de courage et de solidarité, les Justes se sont portés de manière naturelle au-delà du danger.

Il rappelle qu’à toutes les époques, les immigrés ont subi des rejets : on disait déjà à cette époque que les Italiens volaient le travail des Français et il se souvient avoir été, lui-même, traité “de tous les noms de pâtes” quand il était à l’école. 

C’est pourquoi, il conclut en mettant en avant, comme l’avait fait Jean Rodgold, les notions de solidarité, de vivre ensemble et d’ouverture vers l’Autre, qui seules permettent de construire un monde humain. Ce petit-fils, qui a appris tardivement l’histoire de ses grands-parents, perpétue leurs valeurs en tant que président d’une association qui aide les exclus de la société à retrouver du travail et de la dignité.

Une classe de 2° sur les traces des migrations d’hier et d’aujourd’hui (partie 1)
Une classe de 2° sur les traces des migrations d’hier et d’aujourd’hui (partie 2)